Article publié dans Médecine des Arts ici

Des centaines, des milliers d’heures de pratique imprègnent le cerveau des danseurs et des musiciens. Ces pratiques intensives propres aux experts dans ces domaines artistiques entraînent des changements neurologiques importants, mais distincts chez les danseurs et les musiciens.

Bien que ces deux pratiques artistiques impliquent une formation intense, la danse développe l’intégration visuelle et auditive et la coordination motrice, tandis que la pratique de la musique se concentre principalement sur l’information auditive et sur la motricité et la sensorialité localisée.

Afin d’explorer ces différences tenant à la plasticité neuronale, une équipe de chercheurs a utilisé des technologies d’imagerie de haute technologie pour comparer les effets de la pratique de la danse et de la musique sur la structure fonctionnelle cérébrale, notamment au niveau de la substance blanche. L’étude repose sur la comparaison d’une population de musiciens et de danseurs experts par rapport à une population témoin sans pratique artistique.

L’imagerie de diffusion permet d’évaluer la microstructure du tissu cérébral de façon globale et quantifiée (carte de coefficient de diffusion, anisotropie) et d’analyser la substance blanche en faisceaux (imagerie du tenseur de diffusion et tractographie). Il est possible d’étudier de façon précise l’état et l’organisation de chaque faisceau de substance blanche (corps calleux, faisceau corticospinal, spino-thalamique, faisceau arqué, unciné, longitudinal supérieur et inférieur, etc.), et d’étudier de façon non invasive la connectivité et le fonctionnement cérébral.

Les nouvelles techniques d’imagerie, imagerie par diffusion notamment, mettent en évidence pour les danseurs une plus grande diffusivité et une cohérence réduite des fibres dans les régions de substance blanche y compris le tractus cortico-spinal, faisceau longitudinal supérieur et corps calleux. En revanche, les musiciens montrent une diffusivité réduite et une plus grande cohérence des fibres dans les régions similaires.
Les voies qui étaient les plus impactés étaient les faisceaux de fibres qui relient les régions sensorielles et motrices du cerveau et les fibres du corps calleux qui relient les deux hémisphères.

En d’autres mots, cela signifie que les danseurs ont mis en place plus de connexions entre les régions sensorielles et motrices du cerveau, tandis que les musiciens ont fait des connexions plus fortes mais plus localisées, plus spécifiques.
« Ces résultats donnent à penser que la formation musicale et la formation en danse affectent le cerveau dans des directions opposées », explique un des chercheurs de l’étude. En effet, les danseurs forment leur corps tout entier, dans sa globalité, et développent de ce fait une représentation cérébrale plus large dans le cortex neural, alors que les musiciens, qui concentrent leur formation sur des parties spécifiques du corps comme les mains, les doigts, les lèvres, organisent cette représentation cérébrale sur des zones réduites, plus spécifiques et dans le même temps plus fortes.

Cette étude réalisée par une équipe de chercheurs du laboratoire international sur le cerveau montre que la formation en danse et en musique a des effets plus marqués que ce que l’on pensait sur le cerveau et que les danseurs et les musiciens montraient « des différences remarquables dans de nombreuses régions de la matière blanche, y compris dans les voies cérébrales sensorielles et motrices, au niveau primaire et profond des processus cognitifs du traitement de l’information.”

Pour Virginia Penhume, à la tête du Département de Psychologie de Concordia qui a supervisé ce projet de recherche, « ce travail sur les pratiques artistiques a un potentiel majeur pour l’application aux domaines de l’éducation et de la réhabilitation », y compris l’accompagnement du traitement de la maladie de Parkinson et l’accompagnement des enfants autistes.

« Comprendre comment la formation en danse et la musique affecte différemment les réseaux du cerveau va nous permettre d’utiliser sélectivement ces champs artistiques pour améliorer le fonctionnement cérébral ou compenser les difficultés et les maladies qui impliquent ces réseaux spécifiques du cerveau. »

Rédacteur : Docteur Arcier, fondateur de Médecine des Arts
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La formation en danse et en musique imprègne le cerveau de manière différenciée et opposée. Cela est relatif aux techniques qui s’appuient sur le corps dans sa globalité pour la danse, des zones réduites très spécialisées pour la musique. La connaissance des conséquences cérébrales de ces pratiques artistiques pourrait être mieux utilisée dans le champ thérapeutique.

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